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14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 20:38

La Route des Indes se nommait surtout, comme un film et un livre le placardaient : les Chemins de Katmandu… Je ne sais pas si l’impact en fut autre qu’émotionnel… Je n’en ai pas entendu parler sur la Route, mais la culture des gens rencontrés était presque entièrement anglo-saxone. Pas française, donc !

Katmandu ! C’était le Moyen âge, le centre de la mystique orientale, le vrai but du voyage… Difficile de s’imaginer cela maintenant, parce que grâce ou à cause d’Internet, tout le monde a surtout entendu parler de l’Inde, vu les films de Bollywood, vu les temples, la foule, les vaches sacrées, etc. A cette époque, personne ne connaissait.

Les voyages ne se faisant pas facilement, je l’ai déjà noté.

La géographie demeurait livresque, scolaire, avec des images « d’Epinal » : ce n’est que sur la Route que l’on réalisait qu’elle était longue, que la Planète était vraiment vaste !

Un exemple : lorsque j’ai été nommé comme professeur en Nouvelle Calédonie, il a fallu regarder sur un dictionnaire pour savoir ce qu’était ce pays ; on ne m’en avait jamais parlé … Seuls  ceux qui faisaient  une collection de timbres avaient vu l’image du lagon et des cocotiers en bleu vert  sous-titrée Nouvelle Calédonie !

Il est difficile d’imaginer cela : nous vivions dans un monde  très limité ! On comprend, en transposant, que la plupart des Américains ne sachent pas véritablement encore où sont l’Europe et la France !

 

Regardez la carte manuscrite que l’on m’avait envoyée de la Route des Indes : succincte !… Terra incognita où il fallait se débrouiller tout seul ; que pour des « hippies »  capables du « do it yourself » !

Neuf mois : c‘est le temps qu’il me fallut en 71 et 72 pour faire la Route des Indes, the Hippy trail, dans le sens Australie-Inde.

Puis juste un jour, après longues recherches de billets, pour rentrer en France … en avion !...

 

Une tout autre civilisation, le long et au bout de la Route !

Et tant d’autres difficultés pour aller d’une ville ou d’une île à une autre !

Parce qu’il y avait parfois des gens, dans les sociétés maritimes ou aux guichets des bus, qui jouaient les responsables. Il y avait tant de monde partout… et  ils avaient des tas d’amis dans les bureaux… Alors l’un d’eux marquait votre nom sur une liste de départ… Mais c’étaient des gens qui faisaient seulement semblant pour donner l’impression d’être importants ou célèbres. Alors, lorsque vous arriviez le jour du départ du bateau : « Ah non, votre nom n’y est pas ! Ah c’est ce monsieur là ? Il ne travaille pas ici : seulement un ami ! »…

Et sur la route, en demandant un itinéraire : que d’identiques surprises ! Peu de gens parlaient anglais… Il y avait des pays comme la Thaïlande, où aucun passant ne venait d’Europe ou des pays anglo-saxons : rien d’écrit en Anglais, non plus, à cette époque…

A Jakarta, par exemple, quand, perdus dans cette ville immense, on ne pouvait même pas lire les noms des rues, écrits uniquement en écriture thaïe, des caractères qu’on ne pouvait pas comprendre :une expérience assez dramatique, quand vos bagages étaient déjà dans un hôtel.

A Timor : idem… mais leur portugais était relativement compréhensible pour nous…

Donc là encore : une grande solitude !

 

 Le langage des mimiques et des mains était la base des conversations à Denpasar ! Peu efficace… surtout lorsque même des gestes comme de porter un verre virtuel à la bouche ne transmettait même pas son message ! Mais comme cela se terminait pas de joyeux  éclats de rire et des embrassades  générales !

 

Pour se rapprocher des autochtones, certains Hippies se « déguisaient » comme eux ; mais ce n’était pas toujours très bien vu : « Pourquoi venez-vous ici vivre habillés comme les gens pauvres de l’Inde, alors que vous êtes riches ! Et pourquoi n’êtes-vous pas en train de continuer vos études, vous qui avez la chance d’avoir des universités en nombre ? Et pourquoi vous asseyez-vous à croupeton, comme seuls les gens sans maison et qui font leurs besoins le font ici » : ceci proféré plus d’une fois par des Sikhs fort riches et habillés à l’Européenne, ou par des businessmen indiens et des népalais… Même critiques, en Australie, dans les villages de fermiers, vis à vis des « Hippies » qui n’étaient pas habillés comme eux !

 « Non, les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux » (Brassens)… partout dans le monde ! Avec, de plus, des coups de feu, la nuit, parfois, pour effrayer leur « commune » !

 

Etc. Etc.

Et la promiscuité impressionnante dans les grandes villes de l’Inde, l’impossibilité, même en taxis, de sortir de Calcutta ou de Bombay…

 

Quelle solitude, en fait, pour un Européen !

Quand on arrive à Delhi, c’est un délire de voir tous ces gens !  Même aujourd’hui ! Même en étant prévenu ! Cela change de toutes les images de la France. Terrible de se sentir emprisonné dans la foule, avec le bruit, l’agitation perpétuelle !

Et les transports ! Les conseils des années 66 ou 67 d’Alain, déjà mentionné, c’était : « Surtout essayez de ne pas prendre le train, il faut partir 3 jours avant ! » ; car oui ! Vous aviez vu les gares, surpeuplées, les queues aux guichets… Et les bus impossibles à prendre, en ville, les gens s’y agrippant partout !

Je me souviens du pont à traverser, à Calcutta, en Inde, pour essayer de rejoindre la gare pour Puri. Ce n’était pas possible du tout, sinon après des heures dans les bouchons ! Et personne ne s’en étonnait…. Il en est de même aujourd’hui ; en pire parfois ! Les rickshaws, les voitures qui vous foncent dessus… C’est encore  vraiment très dangereux. Bélier serait-il le signe astrologique de ce pays ? Gémeaux ascendant ?

Et les images de pauvreté, à Calcutta, les estropiés, les enfants avec les bras coupés, les mourants, la mendicité agressive… Pas vu ailleurs ! Nos clochards français ? Aucun  rapport ! Pour ceux qui avaient  « un monde émotionnel » : c’était terrible !

 

Grande solitude dans cette foule indienne ! Et une solitude non moins impressionnante dans le bush australien, ou à Timor, ou sur les routes traversant les îles indonésiennes !

Et les moustiques, lorsque l’on logeait à la belle étoile dans les cabanes de la ligne de chemin de fer de Kuranda, sous les maisons à pilotis de Brisbane ; et les lits sans matelas du soi-disant hôtel de Timor et de Calcutta… et d’autres…

 

 Katm mendian1

 Katmandu (mendiant)

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